Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 161
Section A
IndividuNom/Matricule : James E. RAINSFORD / 1397881
Naissance/Décès : le 19 décembre 1921 à St Pancrace, Londres / le 24 juin 2009
Adresse : 54 Stanhope Road, Dover, Kent, Angleterre (maison anéantie et parents tués à Douvres dans un bombardement)
Unité : RAF Bomber Command 97 Squadron
Grade : Sergeant
Fonction : navigateur
Zone d'atterrissage : Sibret (prov. Luxembourg)
Rainsford sur ses faux papiers Comète en 1943
AvionType : Avro LANCASTER Mk III
N° série : JA707
Immatriculation/Nom : OF-T
Abattu : la nuit du 27 au 28 août 1943 lors d’une mission sur Nuremberg
Localisation : atterrissage forcé près de la gendarmerie à Sibret (près de Bastogne), à 200 m au Sud du carrefour des routes Neufchâteau-Bastogne et Sibret-Chaumont.
Avro Lancaster
Action de ComèteRéception :
Interrogatoire : MAUS de ROLLEY, PAULI; le GRELLE
Hébergeurs : MAUS de ROLLEY, WYKERSLOOTH, PAULI, FISHBACH, SCHRADER, MENDIARA
Guides nationaux : GIOT, HASTIR, CENSIER, LALLEMANT, ETIENNE, MARTIN, BRAHMS, GRINGOIR, PAULI, FISCHBACH, HOUGET
Guide international : BOULARD, DIEU, ROGER
Durée : 6 semaines
Passage des Pyrénées : le 17 octobre 1943
Informations complémentaires : Rapport d'évasion SPG 1562 (incomplet)
Il semblerait que l'équipage restreint Rainsford, Ramsden (fiche A162), Kenny (fiche C014) et Gillman (fiche C015) quittent ensemble leur appareil en flammes.
Selon les rapports de la section AS de Libramont, les quatre aviateurs tombés à Sivret erraient à pied quand ils rencontrent Roger GIOT, qui les conduit chez sa sœur Berthe GIOT, fermière de Gaston MAUS de ROLLEY.
Le 28 août, ils sont ainsi emportés au château de Longchamps, à Champs, propriété du bourgmestre local, Mr MAUS de ROLLEY, qui les fait cacher dans un moulin abandonné où ils sont nourris du 28 au 31 août. Pendant ce temps, Victor HASTIR, un des trois dirigeants de l section AS de Libramont, domicilié à Bastogne, les recherche pour les aider. Il rencontre Firmin CENSIER de Champs qui pense les avoir vu à Longchamps, et le charge de les retrouver. Via André SALMON et Gilbert GALLOIS de Libramont, il contacte Jean GREGOIRE, agent de Zéro.GREGOIRE informe Maxime VAN PRAAG alias "Rouleau", alors chef de Zéro à Bruxelles, qui accepte de les aider et envoie des Form E à remplir.
Le 29 à 11 heures, un homme habillé en pêcheur (ce doit être Firmin CENSIER) leur dit de ne pas s'inquiéter, que les Allemands recherchaient plus à l'Ouest, et qu'ils vont recevoir des passeports et rentrer en avion en Angleterre. MAUS fut informé de cet incident et leur signale que son maçon fait partie d'un réseau. Ils reçoivent un message : "Don't worry, will get you out of this, Cheerio". Jean GREGOIRE remet les Form E à Gaston MAUS de ROLLEY, dont la belle-fille se charge de les faire remplir. Les Form E sont transmis à Bruxelles.
En attendant la réponse, Victor HASTIR fair déplacer. Le 31 à 13 heures, deux guides (Victor HASTIR et Firmin CENSIER) arrivent en sifflant "Tipperary" et leur donnent des instructions écrites : "Follow the guide to the right-hand side of the road; hide until someone comes along with a white handkerchief. Reply by using a white handkerchief. Follow at 10 metres distance until someone speaks to you in English out of the bushes". Ils sont convoyés jusque Mande, où HELMBACHER prend la place de CENSIER. A Houmont, les quatre sont remis à l'abbé Edmond LALLEMANT.
A 15 heures, ils rencontrent un homme et deux garçons. "1m75, 40 à 45 ans, lunettes, moustache grise. Il nous dit de dire au major KING qu'ils avaient été entre les mains du capitaine BRADLEY". Il ajoute qu'il est un agent britannique parachuté d'un Halifax (Il s'agit de l'agent ARA Raymond HOLVOET, alias "Badger"). Ils les suivent et sont cachés dans un baraquement pour réfractaires et puis dans un châlet de chasse abandonné. Ils y restent jusqu'au 11 septembre.
Le 11 à 15 heures, ils sont amenés tous les cinq près de Libramont par Albert ETIENNE sur ordre de HASTIR, et y arrivent vers 21 heures et demi. Jean GREGOIRE devait les attendre sur la route de Remagne, mais le rendez-vous est manqué. Abandonnés sur place, nos quatre aviateurs ont de la peine à revenir à leur châlet.
Le 13 septembre, Victor HASTIR les remet à Jean GREGOIRE au même endroit. Pendant ce temps, Max BRAHMS, le radio luxembourgeois de GREGOIRE, a été présenté à Mme GRINGOIR à Bruxelles, qui viendra les chercher le 16 septembre pour les remettre à Comète (Yvon MICHIELS était aussi dans Zéro), attendu par Jean GREGOIRE (et un bouquet de bruyère) à la gare de Libramont. Le soir de ce 13 septembre, ils sont logés dans un châlet de la forest de Remagne sous la garde du maquis du Lt DOMINIQUE. Max BRAHMS y amène le Sgt Smith (fiche A158). BRAHMS signale que la Gestapo les recherche tous. Ils apprennent aussi que le chef de gare, son fils et deux gendarmes de Sibret sont condamnés à six mois de prison pour ne pas avoir signalé à la Gestapo qu'ils avaient fui de leur appareil en flammes.
Le 08 ou le 14 septembre à 15 heures, ils sont amenés tous les cinq à Libramont par Jean MARTIN et Jean GREGOIRE. Rainsford, Ramsden et Smith doivent se cacher dans une petite cabane d'un chantier des PP Dominicains (à leur insu) juste en dehors de la ville. Gillman et Kenny vont loger chez Paul LAMBERT, le garde-salle de la gare de Libramont, qui les aidera à prendre le train.
Le 16 septembre à 21 heures, le rendez-vous à la gare étant raté, ils sont guidés tous les cinq depuis le chantier des Dominicains par le jeune Jean MARTIN seul, vers le Nord à travers bois et traversent un chemin de fer. Un gendarme les guide une partie du trajet. Ils arrivent enfin au château de Ronfay, où ils sont accueillis par le baron et la baronne de WYKERSLOOTH de ROOYESTEYN. Ce château est sur Ochamps à mi-chemin entre Libramont et Libin et dispose d'une piste d'aviation privée. Des piquets sont plantés - mais peuvent être enlevés en quelques heures - sur ce terrain qui pourrait convenir à des bimoteurs. Ils reçoivent des vêtements frais, sont nourris et prennent des bains chauds. Ils logent dans une des dépendances.
Le 19 septembre à 08 heures, ils partent à Bruxelles en train et voyagent en 2e classe. C'est Jean MARTIN et Jean GREGOIRE qui les ramènent au pont de Libramont, où Max BRAHMS les prend en charge jusqu'à la gare. Le "capitaine BRADLEY" les regarde partir de loin. Comme c'est BRAHMS qui est allé à Bruxelles se faire présenter Mme GRINGOIR, cette dernière ne manque plus le rendez-vous comme le 16 septembre, où elle n'a pas reconnu Jean GREGOIRE et son bouquet de bruyères.
A Bruxelles, Mme GRINGOIR les remet à Dominique PAULI en gare du Luxembourg. Elle les emmène tous non loin de là chez une "Pauline" (Isabelle ANSPACH, veuve PAULI, sa mère), au 30 rue de Naples à Ixelles, non loin du square de Meeus. Un QG allemand est situé trois maisons plus loin, et beaucoup d'officiers allemands sont logés de l'autre côté de la rue. Dominique PAULI les interroge. Ils entendent parler d'un aviateur américain, du T/Sgt Victor Ciganek /32392925, qui était à bord du "Dame Satan" 42-2990. Il était de Jersey City, New Jersey (243 Halladay Street...) Opérateur radio. Blessé par la Flak et soigné dans un hopital de Bruxelles avant d'être envoyé en Allemagne. Prisonnier aux Stalag 9C et Stalag Luft 4.
Smith est emporté le 19 à 14 heures et demi. A la demande de Dominique PAULI, Jean Ferdinand FISCHBACH s'occupe de loger Rainsford du 19 septembre au 07 octore 43.
Le 21 septembre, Rainsford est pris par Mme GRINGOIR dans les Etablissements Evence Coppée (fabricants de fours). Rainsford demeure dans la cave jusqu'au 10 octobre, quand ils apprennent que la Gestapo est sur les traces de Mme GRINGOIR. Rainsford rencontre Dix (fiche A178) chez Jean Ferdinand FISCHBACH au 103 Boulevard de Waterloo.
Le 08 ou le 14 octobre, Rainsford, Ramsden, Kenny et Gillman se retrouvent tous dans une gare, avec leurs guides. Rainsford y a été guidé par Jean Ferdinand FISCHBACH. Le groupe part à Mons avec des cartes d'identité, et ils restent jusqu'à l'obscurité dans la maison d'un douanier (François BOULARD à Erquennes), avant de passer en France par paires, avec Georgette DIEU. Ils restent dans un village près de Quiévrain jusque 08 heures (chez André DEWAUVRAIN, à Camphin-en-Pévèle). Rainsford et Ramsden prennent un train pour Valenciennes, où ils changent. Ils arrivent à la gare du Nord, à Paris, à 15 heures, en ayant encore changé de train. Ils sont amenés dans une pièce cachée dans un quartier d'appartements. Ils y sont interrogés et on prend des photos.
Le 17 octobre, une femme les guide tard le soir à la basilique du Sacré-Coeur, à Montmartre. Ils allaient être emportés à Bordeaux. Un homme avec beaucoup de dents en or, apparaît et annonce que quelque chose a mal tourné (le GRELLE a été suivi). Il les emmène dans son flat, tout près, et y détruit les cartes d'identité et les visas.
Le matin suivant, 18 octobre, deux guides viennent les prendre séparément. Un va au 13 Rue Gerando à Paris IXe, chez les SCHRADER, logeurs de Fernande PHAL-ONIMUS, l'autre dans une maison près de Sainte-Marie-d'Issy (Dr Camille HAUSHERR au 37 Rue Henri Tariel ou les TOUQUET au 16 Rue Henri Tariel). Ils se retrouvent à un pont sur la Seine le 21 octobre.
Une femme les conduit à la gare d'Austerlitz et ils prennent le train pour Bordeaux à 23 heures 45, en seconde classe. Le 22, ils changent de guide et de train et parviennent à Dax. Rainsford et Ramsden ne mentionnent pas avoir voyagé de Bordeaux à Dax avec Beard (fiche A163) et Palmer (fiche A164). Ils y retrouvent Smith (fiche A158). Ils vont à vélo à Bayonne. Ils logent à Sutar à l'auberge Larre de Marthe MENDIARA.
Le 11 septembre 2015, lors de l'inauguration de la plaque commémorative apposée sur la maison qui fut l'ancienne "auberge de Sutar" de Marthe Mendiara, Jean Dassié me dit qu'il fut témoin de la reconnaissance instantanée par Rainsford et Ramsden, descendant du train qui les ramenait des années plus tard à St Jean de Luz, de Christiane SALDIAS, nièce de Marthe MENDIARA, qui jouait alors les petites mains pour le réseau, amenait et ramenait les vélos empruntés jusqu'à Espelette par les aviateurs et leur guide, récupérait du pain à la boulangerie, etc ... (voir extrait du journal "SudOuest", 8 sept.2015) - Note Brigitte d'Oultremont.
C'est la 63e traversée de Comète par Saint-Jean-de-Luz. Son groupe passe la Bidassoa avec un guide et Marcel ROGER. Ils traversent la frontière le 17 octobre et sont guidés chez le consul belge à San Sebastian. Ils partent à Madrid, qu'ils quittent le 26 en voiture pour Séville. Le 1er novembre, ils vont à la côte et sont embarqués sur un vaisseau norvégien de 2.400 tonnes, le S.S. STAR. Un U-Boat est coulé sur le chemin de Gibraltar. Rainsford et Ramsden sont interrogés en GB le 07 novembre 1943.

Remerciement

Mot de remerciement de Rainsford dans le carnet de Pierre Elhorga


                                                        ComSal                                                                                                            
                                        Article paru dans le journal "SUD OUEST - Pays Basque" du 8 septembre 2015, sous le titre "La Petite Messagère"

                      Photo : Jean Dassié, Président des "Amis de Comète" et Christian Saldias

                                                                                                                                                            

           


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