Aviateurs alliés capturés de Comète


N° 154
Section C
IndividuNom/Matricule : Alfred Louis WICKMAN / O-690525
Naissance/Décès : le 08 février 1920 au Nebraska / le 16 novembre 1978, Frisco, Colorado
Adresse : 4 Corners South Road, Poughkeepsie, New York, USA
Unité : USAAF 384 Bomb Group 547 Bomb Squadron
Grade : Lt
Fonction : navigateur
Zone d'atterrissage : région de Dieppe
wickm
AvionType : Boeing B-17G-10-VE Flying Fortress
N° série : 42-39962
Immatriculation/Nom : SO-D
Abattu le : 12 février 1944 lors de la mission sur Frankfurt
Localisation : écrasé à 3 km au NNE de Saint-Vaast-d’Equiqueville, à environ 20 km au Sud de Dieppe
Forteresse volante B-17
Action de ComèteRéception :
Interrogatoire :
Hébergeurs :
Guides nationaux : d'ALBERT-LAKE, MELLISSON, MEREL, POUPARD, COGNEAU
Guide international :
Durée : 4 mois
Arrêté : le 12 juin 1944
Informations complémentaires : Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 2529.
Le Lt Henry V. Markow, pilote d’un avion volant dans la même formation a signalé dans un rapport que vers 13h45, lors du vol de retour de la mission, le 42-39962 a été aperçu virant subitement et s’éloignant de la formation, à l’approche des côtes de la Manche.
Le MACR 2529 ne fait pas état de Flak ni d’attaque de chasseurs et il est fait mention du cockpit et de la soute à bombes en flammes, de l’impossibilité d’éteindre l’incendie.
Le pilote, 2nd Lt Seth G. Widener Jr, donne l’ordre de sauter et quitte lui-même l’appareil s’étant assuré que les autres membres de l’équipage aient pu quitter l’avion. Le mitrailleur dorsal, le T/Sgt George E. Cifelli, que Widener avait aperçu prêt à évacuer, sera trouvé mort dans les débris de l’engin, n’ayant vraisemblablement pas pu se dégager à temps de son habitacle réduit. Il est enterré au Cimetière américain de Colleville-sur-Mer en Normandie.
Widener sera fait prisonnier, de même que six autres hommes : le copilote 2nd Lt Harvey W. Reid, le bombardier Lt Leonard E. Gerber, le radio T/Sgt William E. Smith, le mitrailleur ventral Sgt James W. Mosbey, le mitrailleur droit S/Sgt John P. Santosuosso, le mitrailleur gauche Sgt Howard G. Boon Jr.
Le mitrailleur de queue, S/Sgt Walter A. Mize, Jr parviendra à s’évader (rapport d’évasion E&E 716) et sera évacué par la ligne "Bourgogne" via les Pyrénées.
Après son atterrissage, Alfred Wickman, quant à lui, se trouve dans une ferme lorsque y débarquent les aviateurs canadiens Bender (fiche D014) et Gordon (fiche D223). Les trois hommes sont déplacés vers une autre ferme où se trouvait déjà le Lt Teitel (fiche A277). Le groupe se sépare et Gordon et Wickman, rejoints deux jours plus tard par Bender, poursuivent leur route vers le Sud et rencontrent Delbert Hyde (fiche D118) à Pontoise le 5 avril, avant d’être pris en charge par Philippe et Virginia d’ALBERT-LAKE.
Le 10 juin, après que Philippe d’ALBERT-LAKE leur ait donné le choix entre rester à Paris ou aller dans un camp près de Chateaudun, Wickman ne fait pas partie du groupe de dix hommes qui empruntent le train vers Dourdan, mais fait la route à vélo avec Philippe et Virginia. Wickman et les d’Albert-Lake rejoignent le groupe le même jour vers 16 h au point de rendez-vous dans la forêt d’Oye. Les guides, Philippe, Virginia, MICHELLE, ANNE-MARIE et "ANNIE" (Germaine MELLISSON du 8 rue de Monttessuy, près de la Tour Eiffel) accompagnent les hommes : Wickman, Bender, Gordon, Hyde, Teitel, Sam Taylor (fiche D217), Wright (fiche D244), Blair (fiche D020), Johnson (fiche D123), Krol (fiche D135), et deux Sud-Africains, Ebrehim Adams (fiche D248) et Rudoph Hoover (fiche D249) et tous marchent ensuite pendant une vingtaine de km jusqu'à Denonville, où un fermier leur permet de dormir dans sa grange. Le 11 juin au matin, le groupe se sépare. Michelle et Virginia prennent en charge Hyde, Taylor, Blair, Johnson, Krol et Wickman. L’un des hommes de ce dernier groupe, à bout de forces, doit être abandonné dans une ferme près de Civry-St Cloud (Eure-et-Loir) et le 12 juin, ses compagnons et leurs guides sont conduits dans un chariot bâché, mené par Jean MEREL, avec Robert POUPARD et MICHELLE assis à ses côtés.
Précédant le chariot, roulant à vélo en tête, se trouve Daniel COGNEAU, avec Virginia et Wickman, également à vélo devant le chariot, à 50 m derrière COGNEAU. Un autre cycliste, étranger à l’action, débouche d’une route latérale et se joint aux autres cyclistes. A un croisement à l’approche de Le Plessis, 5 km au Nord de Châteaudun, une limousine noire apparaît, s’arrête et en sortent trois Feldgendarmen, des policiers allemands. Leur chef ordonne à Virginia, Wickman et au cycliste anonyme de descendre de vélo et leur demande leurs papiers. L’officier, voyant que Virginia arrivait de Paris, lui demande ce qu’elle fait dans la région. L’accent américain de Virginia, américaine mariée à un français, éveille davantage les soupçons et lorsque après le départ du cycliste anonyme, relâché, l’officier questionne Wickman et constate qu’il est incapable de s’exprimer en français, la partie est jouée. Pendant l’interrogatoire de Wickman, Virginia a la satisfaction de voir que le reste des guides et des évadés, sans être vus des policiers, parvient à s’enfuir dans les fourrés bordant la route.
Revenant près de Virginia, l’officier ouvre alors son sac et y voit, entre autres choses, un papier avec un plan, des tickets de rationnement, une enveloppe avec des billets de banque et surtout un autre papier, avec des adresses… Virginia explique qu’elle et son compagnon tentent de gagner la frontière espagnole, que les 127.000 francs dans l’enveloppe sont destinés à leurs frais pendant le voyage, que l’itinéraire au crayon sur le papier leur sert de carte. A sa grande surprise, l’officier lui remet alors son sac avec tout son contenu, sans poser davantage de questions. En fait, la carte détaillait l’itinéraire pour atteindre les camps dans la forêt de Fréteval, près de Châteaudun, et la liste d’adresses était celles de membres de la Résistance locale, deux documents remis la veille à Virginia par son mari Philippe. Profitant de ce que l’officier questionne à nouveau Wickman, Virginia sort en vitesse un papier, dont elle espère que c’est celui portant les adresses, et le dissimule dans la poche de sa veste.
L’interrogatoire de Wickman terminé, Virginia reçoit l’ordre de s’asseoir à l’avant de la voiture, entre les deux autres Allemands, tandis que Wickman doit aller à l’arrière à côté de l’officier et le véhicule les emmène aux bureaux de la Feldgendarmerie à Châteaudun. En attendant d’y être interrogée par la Gestapo, Virginia parvient à extraire de sa poche le papier avec les adresses. Elle le déchire en petits morceaux et réussit à les avaler péniblement tous, sauf un qui tombe à terre. Plus tard, lorsque les Allemands découvrent ce bout de papier à terre, ils comprennent que Virginia avait avalé les preuves. Le soir même, Virginia et Wickman sont conduits à la prison de Chartres et le lendemain on les mène à la rue des Saussaies à Paris pour un nouvel interrogatoire.
Par la suite, comme Virginia, Alfred Wickman sera emprisonné à Fresnes, près de Paris, où il est quasi-quotidiennement menacé d’être fusillé. Sa veuve Helen avait rapporté dans un récit sur Virginia d’Albert-Lake qu’il pensait avoir eu finalement la vie sauve parce que son grand-père était né en Allemagne. Il passera ensuite au Dulag Luft à Oberursel, près de Frankfurt, pour d’autres interrogatoires, et il sera finalement interné au Stalag Luft 1 à Barth.
Virginia, quant à elle, quittera la prison de Fresnes pour celle de Romainville avant d’être transférée dans des camps en Allemagne, notamment celui de Ravensbrück, pour finir au camp de la Croix Rouge à Liebenau d’où elle est libérée le 21 août 1945 par des troupes françaises.
Alfred Wickman, rentré du camp, ne parlera pas beaucoup de la guerre. Jusqu’à sa mort, il culpabilisera, disant que si Virginia avait été arrêtée et subi un sort beaucoup plus pénible que le sien, c’était de sa faute.
Alfred Wickman est enterré au Fort Logan National Cemetery à Denver, Colorado.
Merci à son fils Peter Wickman pour la photographie. Celui-ci nous raconte :
"Dans mon enfance, nous avions un chien, une Kerry Blue Terrier, qui paraissait noir de loin. Mon père l'appelait "Marché Noir" ou "Marché" en raccourci. Mon père était comme ça après la guerre, il aimait garder vivantes des expériences de sa vie en Belgique, un témoignage de combien il a eu de la chance d'être comme en famille avec des amis." (3fev.12)

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