Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 179
Section A
IndividuNom/Matricule : Jackson "Jack" Temple CLARY / O-885969
Naissance/Décès : le 21 novembre 1918 à Santa Rosa, Californie / le 20 juin 1995 à Santa Rosa, Californie
Adresse : 1510 Schiller Street, Alameda, Californie
Unité : RAF Bomber Command 434 Squadron (RCAF)
Grade : 2 Lt USAAF
Fonction : pilote
Zone d'atterrissage : près de Boekelo, Overijssel, Pays-Bas
J. Clary sur ses faux papiers belges en 1943J. Clary sur ses faux papiers français en 1943
AvionType : Fairey Aviation Halifax Mk.V
N° série : DK259
Immatriculation/Nom : IP-L
Abattu : par le Hptm Prins Egmont zur Lippe du III./NJG1 lors d'une mission sur Bochum dans la nuit du 28-29 septembre 1943
Localisation : Kwinkelerweg, Boekelo, à 8km à l’Ouest d’Enschede, Overijssel, Pays-Bas
Handley Page Halifax
Action de ComèteRéception : EVA
Interrogatoire : EVA
Hébergeurs : JANNING, STEURS, CHABOT, CAMUSEL, TOUQUET, VILLENAVE
Guides nationaux : JANNING, VAN MOORLEGHEM, HOSTE, PHAL, HOUGET
Guide international : SMIT, HANOTTE
Durée : 5½ semaines
Passage des Pyrénées : le 05 novembre 1943
Informations complémentaires : Rapport d'évasion SPG 1594 (complet)
Son équipage est constitué de F/O. G. Hastings, RCAF, Navigateur ; F/O. William G. Bellinger, RCAF, Bombardier (tué) ; P/O. T. Lockhart, RCAF, radio ; P/O C.Y. Hovey, RCAF, Mitrailleur arrière ; Sgt Bertram T.H. Scudder, RAF, mécanicien de 18 ans ; T/Sgt. R.W. Stuart (Stewart ?), USAAF, mitrailleur dorsal.
Il décolle de Tolthorpe le 29 septembre à 18hr22. Sur l'aller, il est attaqué par un Junker 88 qui sera aussi abattu. Le bombardier largue les bombes et lui donne un parachute, puis saute après le navigateur. Clary ne revoit plus aucun des membres de son équipage apès son saut.
Il atterrit vers 21h50 (GMT) dans un bois près de Boekelo, un peu à l'Ouest de Enschede et marche 500 mètres avant d'enterrer son parachute dans un fossé boueux. Il marche jusqu'à une maison baptisée "De Dennen" dont les fenêtres sont illuminées. Il voit trois femmes et frappe à la porte. Un homme lui ouvre. Il lui dit être un pilote américain et lui demande s'ils sont bien en Hollande. L'homme lui répond en anglais de rentrer. Le propriétaire avait été professeur à Amsterdam. Il lui dit que si les Allemands demandent s'il est là, ils répondront que oui. Il mange un repas et peut passer la nuit chez eux. Clary apprend que son appareil s'est écrasé en même temps que le Ju 88.
Le 29 septembre, après s'être caché deux ou trois heures dans un bois voisin, il revient chez le professeur. Un ami de la famille lui dit qu'il est allé voir le site du crash et a vu cinq membres de son équipage. Deux ou trois ont été emmenés à l'hôpital de Enschede où Bellinger décède la nuit (enterré à Enschede, comme le Sgt Scudder). Il apprend plus tard que le sixième est blessé ou prisonnier [il semble que ce soit l’américain Stuart/Stewart, confiné dans un hôpital avant de passer par le Centre d’Interrogation Dulag Luft à Oberursel, où il est probablement décédé). Le professeur lui donne un costume et une carte, et se charge d'enterrer son équipement.
Clary part alors à Haaksenberg, en suivant l'épouse de son hôte qui avait reconnu la voie à bicyclette. Il continue vers Neede. Là, il est arrêté par un policier. Il lui déclare immédiatement être Américain et lui demande s'il est Hollandais ou Allemand. En anglais approximatif, le policier lui explique comment traverser la ville par des petites rues. Vers 17 heures, il se rend compte qu'il a fait fausse route et se cache dans un arbre pour revenir de nuit en ville. Il voit des gens entrer et sortir d'une maison et se décide à y demander de l'aide. On le laisse rentrer, prendre un bain, on le nourrit et lui donne des autres vêtements ainsi qu'une autre paire de souliers. Il dort la nuit dans une ferme voisine. Des amis de ses logeurs viennent pour le conduire dans une autre maison. A partir de là, son évasion est organisée.
Le 30, il arrive donc chez un docteur qui parle bien l'anglais, à Neede. Un autre docteur et son épouse y habitaient aussi. Il est présenté au prêtre et à l'instituteur du village. Ce docteur l'emmène le 02 octobre dans une autre maison du village, où on lui confectionne une carte d'identité sur base de celle de la RAF.
Le 03 octobre, il est conduit en vélo à Enschede chez Mr et Mme H.E. JANNING, un directeur de cotonnerie qui a un frère en Angleterre à Bolton, également directeur d'une fabrique de textiles. Ils habitent à trois pâtés de maisons de la gare. Clary y rencontre un guide qui devait le conduire en train à Tilburg. Les JANNING le guident à Utrecht et y mangent. Clary poursuit avec son guide jusque Tilburg, où ils arrivent vers 23 heures. Un autre guide le conduit en vélo à Hilvarenbeek, et le mène chez lui, au Sud de la ville. Il y reste trois nuits et y reçoit une autre carte d'identité. Quinze autres évadés attendent de passer.
Il est amené dans un château à 1 Km du village et est conduit en voiture à Tilburg. Ils partent ensuite en bus pour Baarle-Nassau où il est conduit au bureau de police. Un des policiers sort un registre du plancher et lui fait remplir un Form E. Le guide part à vélo, Clary le suit à moto avec le policier, qui est Karst SMIT. Ils parviennent aux lisières de Weelde et passent la frontière vers 14 heures, pendant la pause des Allemands.
Karst SMIT l'emmène à Turnhout par le bus, puis à Anvers en tram vicinal, prenant un train électrique jusque Bruxelles, où ils arrivent le 05 octobre vers 23 heures.
Il y est remis à un garçon qui lui donne des sandwiches et le conduit dans un hôtel désaffecté. Le lendemain à midi, il est conduit chez deux vielles femmes et une jeune néerlandaise, à qui il remet sa ration de survie. Il s'agit de Elise CHABOT et sa fille Elise AMBACH. Clary figure sur une liste de Ernest VAN MOORLEGHEM, qui le guide le même 06 octobre.
Son guide l'emmène dans une poissonnerie (chez Prosper SPILLIAERT) où on le photographie. Il y rencontre UZH, Alphonse ESCRINIER, fiche B073) et Blanche PAGE. Escrinier lui annonce qu'il sera évacué en avion, mais ce plan est abandonné.
Le 06 au soir, il est conduit par un guide (Charles HOSTE) dans un café, à 300 mètres dans une rue parallèle à la gare de Schaerbeek. HOSTE dit l'avoir remis à Jeanne STEURS. Il demeure dans ce café environ deux semaines, dont le propriétaire est chef d'un réseau de marché noir. Il y rencontre un ex-facteur, "Camille", un résistant de 36 ans qui dirige une équipe de 75 saboteurs.
Clary est donc accueilli à EVA le 06 octobre et est remis par Gaston MATTHYS à René PONTY le 20 octobre 1943.
Le 20 octobre, il passe la soirée du 20 chez René PONTY, au 18 Rue du Cadran à Saint-Josse (voir photo en bas), où il rencontre Berry (fiche A177), avant d'être remis à Anne BRUSSELMANS. Cette dernière lui remet 1.125 FB pour les frais d'EVA.
Ils vont à une adresse où ils reçoivent une nouvelle carte d'identité de "Ann", qui les interroge et emporte tous leurs effets personnels.
Il est alors pris en charge par "Michou" (Aline DUMONT). Cette même soirée, Clary et Berry sont conduits chez elle, "Lily", dans la maison de "Madame Hélène" CAMUSEL au 160 Rue Marie Christine à Laeken. Ils y restent une semaine. Clary y coud ses disques d'identité dans son pantalon.
Un soir, "Ann" les conduit à une gare où ils rencontrent John Dix (fiche A178) et un guide. Ils partent en train pour Paris. Clary ne se souvient plus de l'itinéraire, mais ils changent de train et prennent une ligne secondaire où ils rencontrent deux filles et un autre guide, le premier les quitte alors. Ils marchent alors vers une ferme où ils se restaurent. Ils vont alors dans une autre ferme et rencontrent un policier (douanier), qui les conduit à travers champs jusqu'à un village, où ils pénètrent par une étroite route jalonnée de buissons. On leur annonce alors qu'ils sont en France. Il doit s'agir du passage frontalier où opère "Monique" HANOTTE, (fiche B075) qui les a guidé depuis leur arrivée en train, leur fait passer la frontière avec l'aide des douaniers et les amènent à Paris.
Ils prennent le train des ouvriers de 04 heures du matin vers Lille. Dans un restaurant, un guide les conduit à Paris, où ils rencontrent un homme et deux femmes à la sortie de la gare.
Berry et Clary suivent la plus petite des femmes (Fernande ONIMUS-PHAL), et Dix suit l'autre. Avec Berry, ils vont à la station de Métro "Orléans" (Porte d'Orléans) et se rendent à l'appartement d'un homme et de son épouse qui avaient hébergé le major Cole (fiche A154). Cet homme travaillait chez General Motors à Paris, et ils y restent jusqu'au 1er novembre. Il est ainsi logé du 28 octobre au 01 novembre chez Raoul TOUQUET et Lucienne PRIOUL au 16 Rue Henri Tariel à Issy-les-Moulineaux, qui travaille effectivement à la SOGA au 21 Boulevard Pershing Paris XVIe comme électricien automobile. Une certaine "Lucille" les visite fréquemment et leur apporte de la nourriture. Il doit s'agir de Mary-Lucile MORRIS épouse CHEVIGNARD, née en South-Dakota, USA, le 11 mars 1886, domiciliée 11 Rue Dubau à Paris XVIe, et décédée le 17 avril 45 à Ravensbrück.
Le 1er novembre à 18 heures, la même femme de petite taille les conduit en gare d'Austerlitz et ils y retrouvent l'homme qui les avait accueillis et une autre femme. Ils prennent un repas au restaurant de la gare et reçoivent chacun un béret. Ils embarquent dans le train de Bordeaux une heure avant le départ et y arrivent le 02. Là, un français leur donne de nouveaux tickets de train et un imperméable à chacun. Ils se rendent à Dax et vont à vélo à Bayonne. Il s y retrouvent Dix, Shipe (fiche A180) et un guide, Denise HOUGET. Ils s'arrêtent pour la nuit dans un café juste avant Bayonne (chez Jeanne VILLENAVE, Mme MENDIARA, au café Larre de Sutar) et repartent le 03 à midi vers un rendez-vous où ils rencontrent leurs guides basques.
Ils sont guidés par des gens de Pierre ELHORGA jusquà la frontière espagnole et la franchissent par Larressore avec un guide seul, de l'équipe de Pierre ETCHEGOYEN pour le 67e passage de Comète. Ils traversent les Pyrénées de nuit et arrivent vers 04 heures dans une ferme (Jauriko borda) où ils se reposent le 05 novembre.
Un jeune garçon les conduit à la route, après avoir reçu comme consigne en cas d'arrestation de dire qu'ils avaient été menés à Pau par des résistants. Ils sont arrêtés par des policiers espagnols un peu plus loin sur cette route. Ils sont emmenés dans un village où ils remplissent des formulaires de renseignements. Deux jours plus tard, ils sont emmenés dans un hôtel à Irun, où ils rencontrent le consul britannique. Le 16 novembre, un officier de l'aviation espagnole les conduit à Lecumberi, où ils sont rejoints par six autres évadés. Ils poursuivent vers Saragossa, y passent une nuit à l'hôtel, et sont emportés à Alhama de Aragon. Le 26, une voiture les conduit à Gibraltar où ils arrivent le 28.
Clary est interrogé par le MI-9 le 1er décembre 1943, après un vol de Gibraltar à Whitchurch du 29 au 30 novembre.

Chez René Ponty
Jackson Clary (à gauche) et James Berry (à droite) chez René Ponty le 20 octobre 1943.
Au centre, Marie-Eugénie Jadoul et la fille de Ponty (?).
Remerciement
Mot de remerciement de Clary dans le carnet de Pierre Elhorga.


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