Autres personnes passées par Comète via les Pyrénées
N° 075 Section B |
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Individu | Nom : Henriette Lucie HANOTTE
/ 1552 Naissance/Décès : Sépeaux-Béon, Yonne, France, le 10 août 1920 / le 20 février 2022 à Nivelles, Belgique Adresse : 25 Place de la Gare, Rumes (Belgique) / 122, Rue du Sentier, Rumes (Belgique) Activité en mai 40 : Fini l'école - guide international /passeur où elle début après ses parents Rôle : guide international et long parcours Comète Pseudonymes/Noms de guerre : "Monique" et "Marie" Zone d'activité : passeuse sur la frontière belgo-française à Rumes, Hertain, Erquennes. Liaison entre Bruxelles, Paris, et jusqu'à Bordeaux parfois et même au-delà les Pyrénées .... |
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Unité ou réseau rejoint | Genre : Tutelle : Sûreté de l'Etat Mission/Unité : Lt ATS (Auxilliary Territorial Service - Special Forces) Pseudonymes/Noms de guerre : Parachuté/infiltré le : Localisation : | |
Action de Comète | Réception/Interrogatoire : Hébergeurs : Guides nationaux : Guide international : FLORENTINO Durée : Passage des Pyrénées : le 11 mai 1944 |
Informations complémentaires : | Dossier Archives Notariales Défense 003.248.787 RUMES, Place de la Gare dans les années 1940 - Aujourd'hui Place Roosevelt -
A droite, la gare, à gauche, la maison - auberge - agence en douane - chez les HANOTTE (maison avec un porche)RUMES (Belgique) - "Monique" Henriette Hanotte sur le chemin de l'évasion (photo extraite du film "Le Dernier Passage" (Azken Bidaia), documentaire réalisé en 2011 par Iurre Telleria, Enara Goeikoetxea, coprod. Moztu Filmak (Espagne). Fille d'un hôtelier, Clovis HANOTTE, qui gère une agence en douane, résidant à Rumes et qui avait épousé une Française, Georgette LAURET. Elle conduit dès 1940 deux soldats britanniques à Lille, puis d'autres qui cherchent à atteindre le réembarquement à Dunkerke. Elle et ses parents ont déjà fait passer des soldats français ou d'autres personnes désireuses de passer cette frontière, dans un sens ou dans l'autre. Ils ont tous fait la connaissance de la famille Hanotte surtout par l'intermédiaire de leur accueil et bienvenue à leur auberge en face de la gare. On bavarde ... Au moment du réembarquement de Dunkerke, ils sont donc connus par les Anglais jusqu'à Londres déjà. Par la suite, un Officier britannique vient demander de l'aide dans l'exfiltration d'aviateurs de la RAF tombés en territoire occupé et arrivés à la frontière grâce aux ligne d'évasion, comme Comète. Depuis lors, Henriette, sous le pseudo de "Marie" d'abord, de "Monique" ensuite, va guider ces militaires de la RAF, dans l'organisation Comète qui va la contacter directement (Albert Mattens "Jean Jacques", Jean-François Nothomb, Max Roger ... ). Au sein de la Ligne Comète, les aviateurs étaient amenés en train de Bruxelles (pour la plupart), jusqu'à Tournai, parfois Mons où Monique allait les chercher le plus souvent. Ils arrivaient ensuite en bicyclette, ou en petit train par Willemeau à la gare de Rumes où ils passaient une partie de nuit chez les Hanotte, au no. 25 (actuellement no.4), agence en douanes ainsi que café-hôtel de 9 chambres. Le plus souvent, Monique les amenait jusqu'à la maison au 122, rue du Sentier, toujours sur Rumes où ils étaient installés pour quelques jours - 2- 4 jours - avant le grand départ de la traversée de la France après celui de la frontière d'abord. La mère leur vidait les poches et décousait tout ce qui pouvait porter à risque, le moindre signe rappelant d'où ils venaient, elle leur donnait un bon dîner et surtout une nouvelle carte d'identité, leur apprenant avec application à prononcer leur 'nouveau nom' et une carte de travail - ainsi que pour Henriette et chacun de ses "colis", une tartine emballée dans du papier à beurre. Henriette se rappelle qu’elle avait toujours peur qu’en cours de route sa tartine ne salisse sa poche et celle des aviateurs à qui on aurait pu le signaler sans qu’ils puissent réagir naturellement puisqu’ils n’auraient rien compris… Nelly et Raymonde Hoël, cousines de Monique, habitaient une ferme au n° 5 de la Rue de Sartaigne (Sartaine) à Bachy (prolongement de la Rue du Sentier côté belge et actuellement la Rue de la Libération). Nelly imitait souvent les signatures sur les faux papiers d’identité. Monique se souvient que sa Maman expliquait en anglais aux aviateurs la marche à suivre en cas de contrôle dans le train. Lorsque la porte du compartiment s’ouvrirait, ils entendraient crier : "Carte d’identité ! Carte de travail !... " Lorsqu’Henriette présenterait sa carte d’identité et sa carte de travail, ils devraient d’office faire la même chose et faire de même à chaque pareille occasion. Pour faire plus vrai, sa Maman leur remettait par exemple de petits extraits de revues françaises, ou le journal allemand 'Signal' qu’elle leur faisait plier et mettre dans leurs poches, de même qu’une boîte d’allumettes française. C'est comme ça qu'un jour, un aviateur se fait demander son journal par un allemande présent dans le train. Immédiatement, Monique se précipite et lui propose le sien. Avec les changements de cartes ID, 'Monique' possède une photo de ses aviateurs passés par là. Elle organise entre Rumes et Bachy trois "passages" , se faisant aider tour à tour par les douaniers Maurice BRICOUT et Alberic HOUDART (qui lui donnent leurs horaires de gardien) et convoie plus de 50 aviateurs jusque Paris après le passage des frontières, à travers champs, fils barbelés, et puis ils prennent le bus des ouvriers du matin à Bachy, ou le petit train, jusqu'au train de Lille, vers Paris. Tant qu'elle habitait à Rumes et travaillait depuis la maison de ses parents, en face de la gare, pour "Comète", elle n'a jamais déposé d'aviateurs chez Bricout. En fait, la route qu'elle empruntait passait devant la maison de Rachel et Maurice Bricout, où elle s'arrêtait pour prendre des renseignements (horaires - disponibilités) pour le prochain passage. La maison d' Alberic Houdart où elle allait aussi chercher des renseignements pour son prochain passage (très discrètement toujours) était un peu plus loin. Ce n'est que lorsqu'elle a été obligée de partir et de gagner la Grande-Bretagne et que "Comète" a arrêté son action dans cette région que la Résistance (dont M. Bricout faisait partie) a pris les aviateurs en charge (Carlson et Elwell lui sont amenés encore par Monique). Les aviateurs qui par exemple avaient été déposés chez les soeurs HOËL et à qui la mère de Monique Hanotte allait apporter de la nourriture etc ..., ils furent alors hébergés chez les Bricout, aussi parce que les soeurs HOËL ne se sentaient plus en sécurité. Henriette, connaissant comme sa poche la région et ses petits chemins, partait à pied avec ses aviateurs (deux en général - un troisième quand il se débrouillait bien en français) vers 5 heures du matin de la Rue du Sentier. Dès le départ, il fallait longer la voie de chemin de fer sur environ 800 mètres et, à hauteur de Crinquet, prendre un sentier sur la droite pour rejoindre à travers champs la route Rumes-Bachy (tout comme la liaison ferroviaire Rumes-Bachy, ce passage n’existe plus.) Passant avec eux à travers champs, par les prairies, les fossés, enjambant les fils de fer barbelé, elle arrivait à Bachy. Là, elle s’arrêtait dans la Rue du Maréchal Foch devant la maison du douanier Maurice BRICOUT et de sa femme Rachel, où les évadés ne logeaient pas, mais où Monique recueillait les renseignements pour le passage du jour. Plus loin aussi, elle s’arrêtait chez le douanier Albéric HOUDART, qui lui lui donnait des informations sur l’horaire des rondes des douaniers et sur les trains. Via une sente à travers champs sur 350 mètres, raccourci pour rejoindre la grand-route (la Chaussée de Lille, l’actuelle Route Nationale D955), elle y prenait avec ses évadés le bus des ouvriers pour les mener jusqu’à la gare de Lille. Elle avait le choix entre deux arrêts. Soit, après avoir tourné à gauche au sortir de la sente, pour attendre à l’arrêt devant le café "Au Petit Canard" (le café a disparu, mais l’arrêt existe toujours). Soit à l’arrêt suivant (Bachy Mairie), à environ 500 m plus au nord, en face du café "Cavaignac" (l’actuel café "Le Virginia"). Arrivés à Lille, elle prenait le train de Paris avec eux - "toujours en 3ème classe" insiste Henriette, prenant à un guichet deux tickets pour "ses hommes", à un autre guichet un ticket pour elle, de cette façon les numéros de tickets ne se suivaient pas, ce qui était plus prudent. Souvent, le train n’avançait pas, étant fréquemment placé sur une voie de garage afin de laisser passer les convois militaires allemands. Pendant tout le trajet jusqu’à Paris, Monique et ses évadés étaient pendant des heures sur le qui-vive, le voyage se passant toujours dans l’angoisse d’une maladresse, d’un contrôle qui pouvait mal se passer… Monique fait aussi passer la frontière à plus ou moins 40 aviateurs à partir de Mons, passant par Hertain-Camphin, où elle contacte le Dr DRUART ou par Erquennes, s'arrêtant chez Georgette DIEU et le douanier François BOURLARD, ses contacts. Lorsqu'elle tombe malade, pendant à peu près 15 jours, elle se fait remplacer ou accompagnée, soit par Odile DE VASSELOT, Française, (deux fois) et soit par Amanda 'Diane' STASSART (dite Mouchka), une Belge vivant à Paris. Ce sera la plupart du temps par le passage-relais de Hertain. Elle précise bien que quand elle prend un "colis" en charge, c'est pour l'amener jusqu'à la destination de Paris après lui avoir fait passer la frontière. Elle n'a jamais guidé un homme sur seulement une partie de ce trajet (soit le passage de la frontière uniquement), cela n'existait pas, dit-elle bien à Brigitte d'Oultremont qui la questionne. Elle sert la "Ligne Comète" sur la liaison entre Bruxelles et Paris et un peu entre Paris et Bordeaux quand ils n'ont pas trouvé d'autre guide à partir de Paris. Plus tard, brûlée à Rumes, elle travaille à partir de Paris et elle se rend même jusqu'aux Pyrénées et au-delà en Espagne. Elle montre à Aline DUMONT "Michou" la route vers l'Espagne. Quand elle revient de mission, elle va régulièrement apporter du courrier (qu'elle n'ouvre jamais) jusqu'au restaurant "L'Escargot d'Or", près de la rue des Bouchers (rue de la Fourche ?) à Bruxelles, qui est un peu sa "boite-aux -lettres". Son Chef est Albert Mattens ou Yvon Michiels. Quand elle revient et que son train arrive à Lille, elle rate parfois la correspondance du transport jusque Rumes, le Capitaine des douanes là-bas, Henri Sotmont (?) lui offre alors un logement de fortune. Elle quitte Paris avec Aline DUMONT en mai 44 après l'affaire Desoubrie-Boulain. Elle passe les Pyrénées par la Bidassoa avec Florentino, qui la guide tout comme Michou et deux américains. Elle retrouve à Madrid Elvire De Greef et ses deux enfants, Janine et Freddy, qui y arrivent début juin. (Les deux enfants vont continuer leur évasion jusqu'à Londres) tandis qu'Elvire revient à Anglet (France). Peu après son arrivée à Londres, la BBC transmettra sur les ondes le message "Georges ira reprendre Yvonne au calvaire" (en référence au calvaire de Rumes, situé à proximité de l’ancien château des seigneurs de Rumes) et qui était destiné aux parents d’Henriette pour les avertir qu’elle était bien arrivée en Grande-Bretagne. Yvonne était fiancée à Georges, frère d’Henriette et qui, lui comme "réfractaire" depuis la régle nazie de 1943, se cachait (à l’insu d’Henriette) dans une ferme trois maisons plus loin que celle de ses parents, à Rumes, pour échapper au travail obligatoire en Allemagne. Après son évasion via l'Espagne, elle devient sous-lieutenant ATS (Auxilliary Territorial Service - Special Forces), et suit l'entraînement parachutiste en Grande-Bretagne. Elle s'y fracture le péroné lors de l'entraînement en août 1944. Elle est hospitalisée à Saint-Thomas hospital, Westminster Bridge Road à Londres. Elle ne sera donc pas parachutée dans les Ardennes belges (les autorités du MI9 estimant aussi qu'elle en avait assez fait pour l'envoyer encore en mission à la fin de la guerre : elle devait servir de liaison avec les "Camps Marathon"). A son grand regret, elle rate les évènements de la Libération, dont son village et sa région (La Glanerie ...) seront les premiers libérés par les armées américaine, et la remontée des Champs-Elysées par De Gaulle ! Cette mission Marquis-Wexford de fin août 1944 devait être composée de Laurent de Merkline et du radio René Vandewoude ainsi que d'Henriette Hanotte comme agent de liaison. Son but était d'aider Albert ANCIA alias "Daniel Mouton" à achever l’organisation dans les Ardennes belges du pendant des camps secrets en Forêt de Fréteval en France, dans le cadre global de l’Opération "Marathon". Par Arrêté Royal du 12 octobre 1950, Henriette HANOTTE fut officiellement reconnue comm Adjudant ARA du 01 novembre 1943 au 31 août 1944. Parmi ses nombreuses distinctions honorifiques et médailles belges et étrangères, le plus haute reçue est celle des Etats-Unis, la Medal of Freedom, avec palme de bronze, pour son action dans le conflit de la guerre 1940-45. (Texte inspiré en partie par le site "Evasion Comete") |
A Madrid en juin 1944. De gauche à droite : Henriette Hanotte, Jeanine De Greef, Aline "Michou" Dumon, Consuelo et Elvire De Greef. La famille Hanotte : 'Monique'- sa Gd-Mère -son frère Georges - sa mère Georgette - son père Clovis
Dans les années
1940
TOURNAI
gare
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