Informations complémentaires : | SPG 2000 complet. Son
équipage est le F/Off Giesler, navigateur ; le Sgt Gregg, bombardier ;
le Sgt Plowman, radio ; le Sgt Walker, mécanicien ; le Sgt Overholt,
Mitrailleur dorsal ; le Sgt Fox, mitrailleur arrière. Leur Lancaster
décolle de East Kirkby le 15 mars à 18:30 hr. Durant le voyage retour,
ils sont attaqués par des chasseurs à l'Ouest de Reims. Les commandes
sont endommagées et les manœuvres d'évasion sont difficiles. A la
seconde attaque, Eddy donne l'ordre de se préparer à sauter. Il plonge
à 12 mille pieds à la troisième attaque. A la quatrième, les deux
moteurs droits sont touchés. Il n'entend pas de réponse des deux
mitrailleurs et est le cinquième à sauter, le 16 à 01:30 hr. Barnes
atterrit dans un champ près de Dravegny, dans l'Aisne. Il enterre son
parachute, sa Mae West et ses bottes, puis allume une cigarette avant
de commencer à marcher vers le Sud-Ouest. Un peu plus loin, il voit un
parachute qui pend à un arbre, le décroche et l'enterre. A Dravegny, il
a le temps de boire un peu à une fontaine avant qu'un chien ne commence
à aboyer. Il arrive peu de temps après dans le village
d'Arcis-le-Ponsard et poursuit sa route, atteignant Coulonges-Cohan où
il voit un fermier rentrer ses chevaux dans la cour de sa ferme. Sans
se montrer, il va se cacher dans la grange. Il est 17h30. Après un
repos de quelques heures, il sort de sa cachette pour consulter ses
cartes. Se sentant surveillé, il voit que le fermier le regarde et il
s'adresse à lui, lui demandant de l'aide. Le fermier lui indique de
rester où il était et revient un peu plus tard avec du pain, du vin et
un linge pour nettoyer sa blessure à l'œil. Deux autres hommes lui
montrent sa position sur la carte. Plus tard dans la journée, une
jeune fille qui parle anglais lui rend visite. Elle le questionne pour
s'assurer qu'il n'est pas un agent allemand infiltré comme cela s'était
produit auparavant. Elle s'en va ensuite, lui ayant intimé de ne pas
quitter son abri. Le soir venu, Barnes est approché par un Français
d'âge moyen, Jean, un ancien capitaine de l'Armée française, qui lui
donne un manteau, un béret et une bouteille de whisky. L'homme le mène
jusqu'à la ferme "Le Reraye" de Pierre MARTIN, où il reste dix jours
dans une chambre, vivant de pain et de vin. Pendant ce séjour, on le
mène voir les restes de son avion à Saint-Gilles, dans l'Aisne, dont
les corps de deux de ses co-équipiers mitrailleurs, le Sgt James Henry
Overholt et le Sgt Thomas Austin Fox, avaient été extraits et enterrés
par les villageois dans le cimetière de l'église de St Gilles. Jean lui
apporte des vêtements civils et des rations de la RAF. Les
patrouilles allemandes se faisant de plus en plus menaçantes, il est
décidé de mener Barnes à Seringes-Et-Nesles, où il se cache durant des
heures parmi les tombes du cimetière, attendant la suite des
événements. Vers minuit, il entend une voix murmurant "Tommy, Tommy"
(le surnom donné aux soldats de l'Oncle Tom) et il se signale aux
quelques hommes du Maquis qui s'approchent, portant des mitraillettes
Sten. Leur chef, Léon COIGNE, "le Grand Léon", dit à Barnes de les
suivre. Malgré les patrouilles allemandes, ils parviennent au village
voisin de Fère-en-Tardenois. C'est là, sur les rives de l'Ourcq, que
résident dans "La Cabane" dans la Rue de la Goutte d'Or, Léon et
Madeleine ("Mimi") COIGNE, ainsi que leurs enfants Christiane, 14 ans
et Jean, 11 ans. Léon COIGNE, plombier de son état, dirige les 10
hommes de son groupe "Base Organisation Aérienne" et participe souvent
à des opérations de sabotage la nuit dans la région, à l'aide du
matériel qu'il récupère sur les zones de parachutage britanniques. Il
communique par radio avec Londres au départ d'une maison à 10 km de
chez lui, dans le village d'Arcy-Sainte-Restitue, et il lui faut un
certain temps pour faire confiance à Barnes, qui reste finalement
hébergé pendant six semaines chez les COIGNE. Il passe son temps à
regarder le paysage environnant de sa chambre, aidant aux tâches
ménagères de la famille. On avait pris le risque de le mener de nuit
chez le coiffeur du village. On craint à un moment que Jean, le fils
Coigne, se vantant d'à présent "connaître l'anglais" ne soit à
l'origine d'une dénonciation, mais rien de fâcheux ne se passe. Quant à
la fille, Christiane, elle transporte à vélo des messages cachés dans
ses chaussettes. La nuit du 08 au 09 mai 1944, lors d'une sortie de
récupération de matériel parachuté, le groupe de Léon tombe dans une
embuscade dressée par les Allemands. 10 hommes de son groupe sont tués,
mais Léon parvient à s'enfuir et doit se cacher pendant 10 jours dans
la cheminée d'une usine désaffectée à Fère-en-Tardenois. Christiane se
charge de lui y amener de la nourriture jusqu'à ce qu'il puisse quitter
sa cachette et poursuivre son action avec un autre groupe. Barnes,
ne pouvant rester plus longtemps à La Cabane, est amené par Madame
PINARD, membre de la Résistance locale, à la propriété de Madame
LESGUILLIER, le "Chalet des Bruyères", dans le même village. S'y trouve
déjà un aviateur écossais, William Jacks (fiche A282). Mme
LESGUILLIER, manifestant son inquiétude face au stress d'avoir à cacher
maintenant deux aviateurs, se voit répondre par sa voisine, Mme PINARD,
que si elle se fait fusiller pour un pilote, ce ne serait pas un
deuxième qui ferait la différence. Barnes et Jacks se rencontrent le
06 mai et restent un peu plus d'une semaine (Jacks dit une nuit) au
Chalet avant d'être convoyés en train vers Paris par Odile de VASSELOT.
Le seul incident du voyage du 13 mai se produit lorsque Jacks, ayant
involontairement bousculé un garde allemand, s'excuse en anglais.
Heureusement, l'Allemand ne réalise pas qu'on lui a parlé en anglais et
répond simplement de faire mieux attention. Leur guide de
Fère-en-Tardenois (Odile de VASSELOT) les quitte et est remplacé, à
leur arrivée vers 23h00 à la Gare de l'Est, par un autre, qui les mène
à une maison près du Trocadéro, probablement celle d'un médecin. Le
22 mai, Barnes et Jacks vont loger dans l'appartement de Mme
LESGUILLIER au 11 Avenue Emile Deschanel. Le 23, Odile vient donner une
carte d'identité à Jacks. Ils sont emmenés chez un membre du réseau
d'une Rosine (qui n'est pas Rosaline WITTON, arrêtée au début de
l'année). Cette personne annonce qu'un seul pourra partir et les
conduit à un garage où ils rencontrent Philippe d'ALBERT-LAKE. Barnes,
qui n'a pas de papiers, retourne chez Mme LESGUILLIERS pour une
semaine. Barnes récupère les boutons de manchette, que Jacks avait
oublié dans sa précipitation, et n'aura l'occasion de les lui faire
remettre que plus de 40 ans après, à Perth en Australie où Jacks a
émigré après la guerre. Le 29 mai, on l'emmène à Boulogne. Barnes
est conduit par Odile de VASSELOT, deux jours plus tard, vers un autre
appartement au 1bis Rue Vaneau chez Virginia d'ALBERT-LAKE où il va, au
fil du temps, rencontrer une vingtaine d'autres aviateurs, dont les
quatre qui vont l'accompagner par la suite dans son évasion. Il s'agit
de Thomas Hubbard (fiche A284), Donald Willis (fiche A285), Jack Cornett (fiche A286) et Ronald Emeny (fiche A288). Comme
il est impossible de garder ces hommes enfermés pendant trop longtemps,
on leur permet de sortir par deux à la fois après s'être assurés que
cela pouvait se passer sans grand danger. Lors de l'une de ces
escapades, Barnes s'aventure inconsciemment sous la Tour Eiffel, zone
"interdite", et se fait remballer vertement sous la menace d'une
baïonnette tendue par un soldat allemand. Le 02 juin, les cinq
hommes sont avisés qu'ils partiront le lendemain vers le Sud de la
France. On leur procure de faux documents d'identité français et des
vêtements d'ouvrier. Les vêtements qu'ils portaient auparavant
alimentèrent le "stock" destiné à d'autres évadés atteignant Paris. Le
03 juin, dans le train qui amène les cinq hommes vers Biarritz avec
Robert CAMUS, Barnes est approché par un officier allemand alors qu'ils
se trouvent tous dans le couloir. Heureusement, il se rend compte que
l'officier voulait simplement avoir du feu pour allumer sa cigarette et
Barnes lui en donne sans devoir dire un mot. Au début de l'après-midi,
ils prennent un autre train à destination de Bayonne. Juste avant
d'arriver à la gare, Cornett, qui se trouve à un certain moment au
milieu d'un groupe de soldats allemands, panique et saute du train en
marche. A la surprise de ses compagnons, les soldats ne réagissent pas.
Plus tard, les autres évadés ayant descendu à Boucau, rencontrent
Cornett se promenant dans les rues de Bayonne. Peu avant la soirée,
les cinq hommes marchent six kilomètres avant d'arriver à leur
destination pour la journée : une petite auberge-restaurant à Sutar,
près d'Anglet (chez Marthe MENDIARA, à l'auberge Larre), un point de
passage habituel pour de nombreux évadés de Comète, malgré la présence
habituelle de soldats allemands qui viennent s'y restaurer ou boire un
verre. 98e passage de Comète, par Souraide avec les guides de Pierre
ELHORGA. Le 03 juin, après un solide repas, on leur procure des vélos.
Après une étape d'environ 6 km de Sutar à Souraïde, on (Juanito
Bidegain ?) leur dit d'attendre le guide (Michel Echeveste) qui doit
les mener en Espagne et on leur recommande de ne pas faire de bruit ni
de quitter leur cachette dans les bois, la zone étant fortement
surveillée par des patrouilles allemandes, habituées à tirer sans
sommation sur tout individu suspect. A la tombée de la nuit, le guide,
petit et musclé, leur apporte du pain, du fromage et du lait. Le guide
ne parle que l'Espagnol, mais Willis, comprenant la langue, traduit ses
recommandations avant d'entamer leur périple. Le guide, habitué au
terrain difficile, avance rapidement, imposant un rythme régulier mais
soutenu au reste de la petite troupe, n'acceptant de s'arrêter un
moment que lorsque l'un ou l'autre des aviateurs, épuisé, l'en supplie.
Après une marche de cinq heures, ils arrivent à une rivière (un
affluent de la Nivelle) formant la frontière entre la France et
l'Espagne. Le guide se lance dans l'eau glacée, bientôt suivi des cinq
évadés qui éprouvent plus de difficultés que lui à garder leur
équilibre sur les roches glissantes. Passé la rivière, ils marchent
encore jusqu'à 04 heures du matin avec un autre guide, moment où Willis
lui dit qu'ils doivent absolument se reposer, étant incapables de
continuer. Le groupe s'arrête ce qui leur semble un court instant et
après s'être désaltérés de l'eau d'un ruisseau de montagne, les hommes
se remettent en marche sur leurs jambes endolories. Peu après le lever
du jour, ils sont menés vers une vieille cabane à moutons et avisés
assez sèchement par leur guide qu'ils doivent rester là jusqu'à la nuit
suivante lorsqu'il reviendra les voir. Sans nourriture ni boisson, les
aviateurs exténués s'endorment. A la nuit tombante du 05 juin, le
guide revient, sans avoir apporté de quoi les nourrir, et les mène au
même train quasi impossible à suivre. Le guide explique qu'il leur faut
le plus rapidement possible s'enfoncer plus avant en Espagne, de
manière à ne pas être renvoyés en France au cas où la police espagnole
les arrête. Hubbard, les pieds couverts d'ampoules, souffre le martyre
à chaque pas. Willis lui donne la dernière piqûre de morphine qui lui
reste dans son équipement de survie. Au moment où les aviateurs pensent
ne plus pouvoir avancer, ils voient deux hommes venant à leur rencontre
et qui leur font signe de les suivre. Ces hommes les guident vers une
ferme isolée qu'ils atteignent quelques minutes plus tard. Ils sont
installés dans une grange où ils peuvent enfin se reposer pour la nuit. Ils
sont réveillés tôt le lendemain par la fille de la fermière, que sa
mère avait envoyé leur dire que l'un des hommes avait été les dénoncer
à la police en échange d'une récompense si les évadés étaient renvoyés
vers la France. [Ce qui précède est la version du récit de Willis.
Voici la version dans le texte de Barnes :] Arrivés en Espagne après le
passage de la Bidassoa [ces hommes n'ont pas traversé la Bidassoa,
c'est une erreur] le 04 juin 1944, les hommes logent dans une ferme.
Willis, qui comprenait l'espagnol, est intrigué d'entendre la fermière,
assez énervée, dire à ses enfants de ne pas dire aux aviateurs où ils
se trouvent exactement ni de les autoriser à sortir. Avisé, Barnes
confie à Emeny qu'il n'a pas l'intention de rester là et lorsqu'il
quitte la ferme les autres le suivent sous les cris de la maisonnée.
Ils apprennent plus tard qu'ils avaient pris la bonne décision, car il
avait été prévu de les livrer aux Allemands. La récompense ? Un sac de
blé pour chaque aviateur...] [la suite du récit de Willis :] En
quelques minutes, les cinq hommes quittent la ferme, sans guide et sans
carte. Heureusement, Willis a conservé sa boussole et ils peuvent ainsi
continuer à se diriger vers le Sud (dans l'annexe C de son SPG, Barnes
dit qu'ils acceptent qu'un jeune garçon les conduisent à Etxalar, vers
l'Ouest et San Sebastian). Ils arrivent bientôt à une route, qu'ils
décident de longer. Marchant ainsi pendant encore deux jours et n'ayant
que des baies et l'eau de ruisseaux pour s'alimenter, ils décident
qu'il est temps pour eux de demander de l'aide. Un midi, alors
qu'ils émergent du pied de collines près d'Oricáin, ils aperçoivent une
ferme isolée et pensent qu'ils pourraient y obtenir de la nourriture en
échange de leur argent français. Ils s'approchent de la ferme et c'est
Willis, le seul du groupe parlant espagnol, qui frappe à la porte. Le
fermier, surpris par les cinq hommes hirsutes, déclare qu'il n'avait
pas de quoi les nourrir et leur indique la route vers Pampelune, à
quelques kilomètres en contrebas, ajoutant qu'ils feraient mieux
d'aller à la police dont il se dit certain qu'elle les aiderait. Au
début de l'après-midi du 08, ayant parcouru près de 100 km ces cinq
derniers jours, ils arrivent à Pampelune et s'écroulent dans un parc.
Ils pensent que leur seul espoir est que Willis se rende dans un bureau
de poste pour téléphoner au Consulat américain ou britannique à San
Sebastian. Arrivé au bureau de poste, Willis parvient à convaincre
l'employé, méfiant, de ce que la situation est désespérée et qu'il faut
qu'il puisse contacter les autorités alliées. C'est ainsi qu'il peut
s'entretenir par téléphone avec le consulat britannique, qui l'avise de
ce qu'ils seraient bientôt arrêtés, l'employé allant sans aucun doute
aviser la police. En sortant du bureau de poste, Willis voit un
commissaire de police et deux de ses hommes qui l'attendent. Se sachant
incapable de leur échapper, vu son état de fatigue, il leur dit où se
trouvent ses compagnons et le groupe d'évadés accompagne les policiers
vers le poste. Là, contrairement à ce qu'ils craignent, ils sont
chaleureusement accueillis, ils peuvent faire un brin de toilette et on
les amène dans un restaurant où ils peuvent enfin se rassasier. Après
une journée de repos, trois bons repas et un bain, les cinq évadés
(retrouvés par Alberto QUINTANA) sont conduits sous bonne escorte en
bus vers San Sebastian. De là, un court voyage en train les amène à
Irun, où on les loge dans un hôtel pour une semaine. Willis est étonné
de constater qu'Irun n'était qu'à seulement deux kilomètres de la
frontière française et à moins de 30 km de Sutar où leur épopée avait
commencé. Après deux jours de repos et avoir reçu des vêtements neufs
d'une famille anglaise, le groupe se sépare. Les trois américains,
Willis, Hubbard et Cornett, sont conduits à Madrid par un représentant
du Consulat des états-Unis venu les chercher. Ce trio est ensuite mis
sur un train pour Gibraltar. Le 28 juin, Willis et Hubbard prennent
l'avion pour l'Angleterre. Cornett les suit deux jours plus tard (le 30
juin). Barnes, quant à lui, passe une nuit à Sarragosa, 5 jours à
Alhama et 2 jours à Madrid, arrivant à Gibraltar le 23. Il fut rapatrié
par avion de Gibraltar le 24 vers l'Angleterre (Whitechurch) le 25 juin
1944 et débriefé le jour même. Voir le récit de Barnes à ce site placé par sa fille, Amanda Burrows, qui indique que Barnes fut un des membres fondateurs de la RAFES. |