Informations complémentaires : | Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 1126. L'appareil est heurté au-dessus d'Ivry par un chasseur Me-109 allemand, dont on suppose que le pilote était déjà mort à son bord suite à un engagement avec un autre avion de la formation. L'avion est cassé en deux par l'explosion et Harold Norris, qui se trouvait seul dans la partie arrière, parvient à s'en échapper avant de voir l'appareil partir en vrille vers le sol. Il est le seul survivant de l'équipage du pilote, le Lt John E. Pyles. Norris atterrit près d'une ferme en France et, aidé par la résistance, il se retrouve aidé. Il est guidé à Paris par Gérard SALIN (alias "Pierre Marais"), un agent des réseaux Kléber et Manipule qui connaît le Père Michel RIQUET. SALIN indique qu'il l'a reçu de Pierre GIARD à Chevry-Cossigny (Norris a été logé chez Mme veuve AUBERT) et remis au Père RIQUET le 07 décembre. SALIN ajoute que M. René GAUTHIER et sa fille Mme CARBILLET ont nourri Norris du 02 au 05 décembre et logé dans la maison des consorts MURET au 4 Place du Théâtre Français à Paris Ier. Ceci en accord avec leur représentant, Mlle Jeanne LEMERCIER du 16 Rue de Marignan à Paris VIIIe. SALIN était aidé du Dr Louis BERTAGNA et son épouse Élisabeth SIDLER du 197 Rue Vaugirard à Paris, qui logent Norris la nuit du 05 au 06 décembre 43. Norris arrive donc ainsi entre les mains de Comète. Voici une narration incomplète de son évasion extraite du "Report in 94th Bomb Group Memorial Association Newsletter. Volume XV1, Number 1, 1990". ... Après le coucher du soleil, nous roulons jusqu'à un pont qui traverse la Seine. Nous sortons de l'auto nous nous approchons d'une femme qui était accoudée au parapet. François ALLARD nous présente et nous discutons un quart d'heure, puis François repart avec sa voiture. La femme me guide jusque Paris. La femme l'emmène au restaurant et ils sont placés face-à-face à une table de 4. Le serveur vient placer deux Allemands aux deux autres places, qui se mettent à parler en Allemand. La femme lui parle en français et Norris se contente de répondre par monosyllabes. Quand la serveuse vient pendre la commande, il laisse faire et les Allemands ne remarquent rien. Après le repas, ils prennent un taxi jusqu'à la gare. Norris a sur lui une carte d'identité au nom de Henri Gustave Sulette, architecte travaillant dans le Sud de la France, près de la frontière espagnole. Lui et son guide montent dans le train de bordeaux. Des soldats contrôlent les papiers et Norris fait comme tout le monde pour passer. La guide et lui tiennent une conversation banale et arrangée. A Bordeaux, la femme serre la main d'un homme et le quitte sans même un regard. Il suit cet homme et fait la connaissance de deux autres évadés, Victor Davies (fiche A231) et Clarence Whiteridge Davies (fiche A230). Ils prennent un train pour Dax, où les attendent deux guides, dont Denise HOUGET, avec des vélos. Un des guides reste avec les trois évadés, l'autre part à l'avance, parfois hors de vue (Denise HOUGET). Norris, qui n'a pratiqué que très peu de vélo en Angleterre, a un peu peur d'un si long trajet. Ils grimpent les côtes, puis marchent quand cela devient trop dur. Heureusement, les descentes permettent de compenser les montées. Les deux guides ont des sacs à dos avec du pain et du vin. Son seul souvenir d'avoir bu de l'eau remonte au moment de son atterrissage. Les gens la faisaient bouillir et la buvaient chaude. Ils roulent deux jours à vélo. Ils sont arrêtés à leur deuxième journée de route et doivent montrer leurs papiers, mais ils ne doivent pas parler. (Norris ne parle pas de la nuit passé à l'auberge Larre.) Ils abandonnent les vélos devant les montagnes et partent en suivant des sentiers de chèvres. Les Basques élèvent des moutons dans les Pyrénées. Ils ne marchent pas longtemps de jour, cela étant trop dangereux. Ils attendent la tombée du jour dans une petite bergerie, en se couchant sur des bruyères. Les Basques leur racontent qu'un mouton peut les aider à avoir chaud pour dormir. Vers 18 heures, les guides les reprennent et ils se mettent en route à la file indienne. Un guide marche loin devant. Davies suit le second, puis vient Whiteridge et lui-même. Ils suivent parfois un torrent. Parfois, la lune se montre et il peut suivre Whiteridge, mais lorsqu'elle est masquée par des nuages, il a du mal à suivre. Il essaie donc de suivre sa silhouette. A un certain moment, il voit que l'ombre devant lui est plus grande (Davies mesure plus d'1m80, alors que lui et Whiteridge font à peine 1m70) et il murmure "Vous n'êtes pas Whiteridge". Davies lui répond que lui non plus ne l'est pas, et prévient le guide. Ils reviennent en arrière et le découvrent en contrebas, accroché à un sapin et prêt à lâcher prise. Les guides et Davies prennent Norris par les pieds et le laisse pendre tête première. Il peut agripper le Canadien et ils sont remontés sur le sentier. Ils avaient reçu un bâton de marche et Whiteridge a perdu le sien dans sa chute. Les guides lui en refont un la nuit suivante. Norris ne se souvient plus combien de temps il leur a fallu pour atteindre San Sebastian. Là, ils ont leur premier vrai repas depuis qu'il a quitté Paris. Depuis lors, il a surtout mangé du pain et du fromage avec du vin. Parfois, il avait eu la chance d'avoir un peu de légumes. A l'hôtel, en attendant le ramassage par le consulat britannique, ils s'offrirent un copieux gueuleton durant leur séjour. Un représentant de l'ambassade madrilène vient les y prendre jusque Madrid. Il y passe le réveillon de Noël, et les évadés sont les hôtes d'honneur à un gigantesque buffet. D'autres Américains arrivent à l'ambassade britannique et ils partent à onze pour Gibraltar en bus. La soirée du Nouvel An est passé au "Rocher". Un C-47 Dakota vient enfin les prendre et les dépose à Bristol, en Angleterre. De là, ils sont conduits au 8 Brook Street à Londres et doivent y rester jusqu'à confirmation de leur identité. A un moment, il reconnaît une voix familière. C'est Ervin D. Smith, le mitrailleur ventral de leur équipage habituel qui n'était pas parti en mission avec eux. Il avait été envoyé pour l'identifier et avait reçu la consigne de laisser Norris le reconnaître d'abord. C'est le 81e passage de Comète, par Larressore, avec les seuls guides de Pierre ELHORGA. Une fois en Angleterre, il fait passer à la BBC le message "Il n'y a plus de savon à barbe en France", ainsi qu'il a convenu avec Gérard SALIN. Sa photo est authentifiée par sa fille, Shelley Norris. |