Aviateurs alliés passés par Comète via les Pyrénées


N° 222
Section A
IndividuNom/Matricule : John Joseph MAIORCA / O-676310
Naissance/Décès : 10 juillet 1918 New Britain, Connecticut / 9 juin 2007 Manchester, Connecticut
Adresse : 16 Clintonstreet, Manchester, Connecticut, USA
Unité : 388 Bomber Group 563 Bomber Squadron
Grade : Lt
Fonction : Bombardier
Zone d'atterrissage : environs de Belsele, entre St Niklaas et Lokeren, Flandre Orientale
John MaiorcaJohn Maiorca sur ses faux papiers belges et français en 1943
AvionType : Boeing B-17 G Flying Fortress (Forteresse Volante)
N° série : 42-30789
Immatriculation/Nom : « FLAK SUIT »
Abattu le : 5 novembre 1943 par un Fw190 lors de la mission sur Gelsenkirchen.
Localisation : écrasé dans le cimetière de Lokeren
Forteresse Volante B-17
Action de ComèteRéception :
Interrogatoire :
Hébergeurs : WINDELS, VANDENBROECK, MENDIARA
Guides nationaux : GAZET, DUMON, STASSART, FLACHET, DOUARD, ROGER, HOUGET
Guide international : DESSON
Durée : un mois
Passage des Pyrénées : 13 décembre 1943
Informations complémentaires : Le Missing Air Crew Report relatif à la perte de cet appareil : MACR 3137. E&E 306 (indisponible)
Certaines sources indiquent qu'il a été descendu par la Flak. Ce n'est pas tout à fait faux. Ils ont d'abord été touchés par la Flak au dessus de l'Allemagne au retour, mais le pilote, 2nd Lt William J. Bramwell Jr., a revu son ordre d’évacuation car le feu dans un des moteurs s'était éteint et il pensait pouvoir les ramener à la base. Près de la frontière, un groupe de Focke-Wulfe les attendait.
Le Lt Bramwell sera fait prisonnier ainsi que le Lt William E. Current, co-pilote ; le Lt Charles L. Smith, navigateur ; le S/Sgt Leslie E. Meader, mitrailleur ventral ; le S/Sgt Joseph A. Sage, mitrailleur gauche.
Les sergents Albertus Harrenstein, radio et John M. Craig, mitrailleur de queue seront tués.
Outre Maiorca, deux autres hommes parvinrent à s’évader : le mitrailleur droit, George Watt (fiche A221) et le mitrailleur dorsal H. C. Johnson (fiche A220).
Détails extraits du livre de George Watt (*) et glanés à d’autres sources :
Blessé par l’éclat d’un obus ayant atteint le poste de pilotage, Maiorca saute en parachute et atterrit près d’une ferme. Il dissimule son parachute et son gilet de sauvetage et commence à courir. Ses bottes fourrées gênent sa progression et il les jette dans une pièce d’eau. Elles retombent sur les semelles et, ne coulant pas, restent trop visibles. A l’aide d’un bâton, il les récupère, les remplit d’eau et elles finissent par s’enfoncer dans la mare. Il reprend sa course et aperçoit d’autres parachutes dans le ciel à quelque distance. Il s’arrête près d’une grange attenant à une ferme et examine sa situation. Des coups frappés à la fenêtre de la grange attirent son attention. La fenêtre s’ouvre et une femme lui dit de venir à l’intérieur. Elle lui présente du café et du pain, mais il refuse. Il suit le conseil de la femme qui lui dit d’aller se reposer dans la grange, où elle le cache sous un tas de blé. Il s’endort et durant la nuit, un couple vient le chercher puis, à vélo, tous les trois rejoignent une maison.
Considérant trop dangereuse pour un civil la proposition du mari de le conduire vers la frontière française, il part seul, tôt dans la matinée, à pied, en direction de la France, revêtu de vêtements civils. Après une marche d’environ 45 km, ayant traversé la ville de Gand, trempé jusqu’aux os par la pluie et tremblant de froid, il décide de se risquer à demander de l’aide. Il commence à frapper aux portes, n’obtient que des réponses négatives, mais n’est dénoncé par personne. Il finit par rencontrer Modest VANDENBROUCK (appelé Al Capone dans le coin à cause de ses activités de contrebande) qui l’accompagne en train jusque Waregem, où il est mis en contact avec des membres de la Résistance : Marcel WINDELS, Joseph DUTHOY et Leon DUYCK (chef de la Police de Waregem). Interrogé, Maiorca ne décline au départ que ses nom, grade et matricule. Il se ravise par la suite et donne des détails supplémentaires, ce qui permet aux résistants de se faire confirmer sa véritable identité. Pendant deux semaines, il est logé alternativement chez Marcel WINDELS et Modest VANDENBROUCK, les fenêtres de leurs maisons étant occultées. Maiorca est alors muni de faux papiers l’identifiant comme sourd-muet et est mis en contact avec la Ligne Comète.
Simone GAZET et Aline DUMON viennent le chercher à Maldegem le 08 novembre 43 et le mènent à Bruxelles. Là, il est ensuite guidé en train jusque Paris avec Elliott (fiche A223). Il figure sur une liste de Amanda STASSART.
Hébergé là, un de ses logeurs lui demande ce qu’il aimerait visiter dans la ville. John cite le Sacré-Cœur, le tombeau de Napoléon, la Tour Eiffel… Pratiquement chaque jour, l’homme l’emmène faire du tourisme dans la ville grouillant de soldats allemands. L’homme lui recommande d’avoir un comportement normal et surtout de ne rien dire, pour confirmer la mention "sourd-muet" sur ses papiers.
Marcelle DOUARD le guide ensuite en train jusqu’à Bordeaux le 10 décembre, avec Elliott, puis il va en vélo à Bayonne avec Marcel ROGER et Denise HOUGET. Il loge à Sutar à l'auberge Larre de Jeanne MENDIARA.
C'est le 79e passage de Comète, et le premier par Souraïde, avec les seuls guides de Juanito BIDEGAIN (Michel ECHEVESTE et son frère Joseph Marie).
John Maiorca arrive finalement à Gibraltar, d’où il rejoindra l’Angleterre. Il y retrouve Watt et Johnson en janvier 1944.
Pendant ce temps, Betty Maiorca avait été avisée en novembre de ce que son mari était porté disparu. Pire encore, un journal local publia sa nécrologie. Betty tenta de se persuader qu’il n’était pas mort et elle s’évanouit lorsque le 04 janvier 1944 elle reçut un télégramme de John. Le fils de Marcel Windels, qui avait 13 ans à l’époque de son passage à Waregem, retrouva Maiorca par la suite et leurs retrouvailles en Belgique bien des années plus tard furent un moment de grande émotion.
John Maiorca est enterré au East Cemetery à Manchester, Connecticut.
(*) George Watt : "The COMET Connection" publié en 1990. Le livre de Watt a été traduit en néerlandais et édité en 1992 par Standaard Uitgeverij, Antwerpen : "Ontsnappingslijn Comète. Een spectaculaire vlucht uit bezet België". Une réédition aux USA par la Kentucky University Press est parue en avril 2007 sous le nouveau titre "Escape from Hitler’s Europe : An American Airman Behind Enemy Lines."
équipage du Flak Suit
L'équipage du Flak Suit, au Texas en 1943 : debout de gauche à droite : H.C. Johnson, G. Watt, A. Harrenstein, L. Meader, J. Sage et J. Craig. A genou : W. Bramwell, W. Current, L. Smith et J. Maiorca.
La photo est extraite du livre de George Watt.

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