Autres personnes passées par Comète via les Pyrénées


N° 062
Section B
IndividuNom :  Adrien Marie Ange Fernand MODERA
Naissance/Décès : Heusy, le 01 janvier 1914  /  2007 à Ensival, Liège (B)
Adresse :  Avenue du Chêne, 142-144 à Heusy
Activité en mai 40 : Off. Rés. 1er Rég. Lanciers, Chef Peloton Autos blindées
Rôle :
Pseudonymes/Noms de guerre :
Zone d'activité :
adr
Unité ou réseau rejointGenre : Rejoint l'Armée Secrète et le réseau Luc (1942) - autres actions variées
Tutelle :
Mission :
Pseudonymes/Noms de guerre :
Parachuté/infiltré le :
Localisation : 

Action de ComèteRéception/Interrogatoire :
Hébergeurs :
Guides nationaux :
Guide international :
Durée :
Passage des Pyrénées :  20 décembre 1943
Informations complémentaires : Dossier Archives Notariales Défense OO/40151 et dossier RVPS HS 9/1045/6

Adrien Modera travaille dans la firme textile de Fernand Houget (membre de sa famille), rue de la Station à Verviers.
Il est mobilisé le 27 août 1939 et commence la campagne des 18 jours au sein de l'Escadron Auto-blindés du 1L. Le 27 mai 1940, il est blessé près de Ypres (ferme du Frezenberg) alors qu'il porte secours à son commandant Marc Deprez. Il est soigné à Bruxelles et rentre ensuite à Heusy où il reprend son travail dans le textile et entre aussi à l'Armée Secrète, en décembre 1940. Il fait partie ds secours d'hiver , il est actif au bureau verviétois de l'ORAF (Office de Renseignement et d'Action pour les familles des militaires et des prisonniers) et à la Croix-Rouge. Il aide des juifs à se cacher. Il entre en 1942 dans le réseau Luc-Marc.
Il aide de tout côté et le 8 décembre 1943, la Gestapo frappe à sa porte et il s'échappe par derrière. Après cette arrestation manquée, il doit quitter la Belgique. Denise Houget est rentrée en Belgique, venant de Anglet où elle vit avec ses parents. Elle vient voir sa famille à Verviers.
Denise Houget nous donne quelques détails sur ce départ de Verviers.
Appelée par la mère de son père adoptif, Fernand Houget, elle se rend en face chez Frédéric Modéra (décédé en 1927) et son épouse Margot (Marguerite) Houget, les beau-frère et sœur de Fernand. C'est à la grande villa Marguerite, aujourd'hui disparue, de l'avenue du Chêne, à Heusy. Leur fils Adrien vient, grâce à la nuit tombée, d'échapper de justesse à une recherche allemande en s'échappant par les toits. Adrien Modéra est à présent caché chez sa grand-mère. Celle-ci, étant vaguement au courant des activités de Denise en France, lui demande si elle ne peut rien faire pour lui.
Denise habille alors son cousin germain de vêtements de leur grand-mère et d'une perruque blanche. Un chapeau bien enfoncé sur la tête, et le boitement de l'aïeule bien imité, ils descendent au rez-de-chaussée. La bonne, Thérèse, dit alors à Adrien :"Oh, Madame, vous sortez si tôt et par ce froid !". Denise Houget poursuit : "Adrien a une maison sûre où il peut se réfugier, aussi je le fais sortir par la porte de derrière sur le fond du jardin et il arrive sain et sauf dans cette famille". Il s'agit de sa tante, Mme Duesberg, Rue de l'Étang à Heusy, dont le mari vit en France depuis 1940. Elle lui fait encore rédiger une fausse carte d'identité belge par Paul Pehée des Ateliers Houget. Elle est établie, du 8 au 17 décembre, au nom de "Fernand Legendre".
Elle donne ensuite des directives à Adrien Modéra, qui se rend à bicyclette de Verviers jusque Bruxelles chez Jean Villers au 40 Rue Louis Hymans, tout près de la Place Brugmann, comme un représentant du village de Charneux. Il loge une nuit chez un cousin, l'abbé Jean-Marie Fisher, de Saint Martin à Liège. A Bruxelles, il loge chez Emmanuel Bonvoisin, Rue Émile Bouillet, jusqu'au 17 décembre. Jean Villers lui donne une fausse carte d'identité française. Un homme de 45 ans le guide par Tournai jusqu'à un passeur à Tourneffe. Modéra prend le tram pour Tourcoing et Lille et saute dans le train de 17h00 vers Paris, y arrivant à 23 heures.
Denise Houget lui a indiqué comment arriver à Paris et se présenter, à date fixe entre 3 et 4 heures, au premier confessionnal de droite en l'église de la Madeleine. Il doit avoir à la main une paire de gants et un journal sous le bras. Il trouvera une personne qui lui demandera "A quelle heure y a-t-il des confessions ?" et il devra lui répondre "Entre 3 et 4 heures". Du 17 au 18 décembre, son dossier RVPS nous apprend qu'il s'appelle "Adrien Lejeune".
Adrien Modéra arrive à l'heure et à la date dites à la Madeleine et y rencontre Jacques Le GRELLE. Il s'agissait d'un rendez-vous au cas où il faudrait sauver un agent. Modera, n'ayant ni paire de gants ni journal, dit alors à Le Grelle : "Je sais que je dois vous répondre quelque chose, mais je ne me souviens plus de quoi". Le Grelle l'embarque ainsi plus tard avec d'autres dans le train pour Bordeaux. Il devient alors l'avocat de Biarritz "Philippe Villaret" jusqu'en Espagne.
Ce Belge de 30 ou 35 ans (Jacques Le Grelle) le remet d'abord à une petite femme (Marcelle DOUARD) qui a été secrétaire. Après une visite au cinéma, il revoit Le Grelle en compagnie de deux aviateurs américains. Ils voyagent ensemble jusque Bordeaux : les deux aviateurs, la petite femme et Modéra. A Bordeaux, ils sont remis à un jeune Belge qui a été aux Chasseurs Ardennais (Jean-François NOTHOMB), qui escortait déjà deux autres aviateurs. Il prennent un train pour "Bayonne" en seconde classe. NOTHOMB et les Américains descendent à une gare (il doit s'agir de Dax) avant la principale, et ils se retrouvent dans la salle d'attente de la gare principale.
C'est ainsi qu'Adrien Modéra fait partie, le 23 décembre 1943, du 82e passage Comète par Larresore et Jauriko borda avec Thomas Combs, William Whitlow, John Ashcraft et Walter House. A Dax, ils prennent des bicyclettes et Combs, qui ne sait pas rouler à vélo, doit être poussé. A un moment, il heurte deux soldats allemands qui roulent en sens inverse. Heureusement, ces soldats l'aident à repartir. Modéra confirma cet incident aux RVPS : Durant le trajet à bicyclette jusque Bayonne, un des Américains perd l'équilibre sur son vélo et heurte deux soldats Allemands. Cet incident n'a pas de conséquences, mais NOTHOMB prend l'Américain sur son vélo, et Modéra roule avec le vélo supplémentaire de l'Américain.

A Bayonne-Sutar, ils dorment tous à l'auberge Larre tenue par Marthe VILLENAVE épouse MENDIARA au Quartier Sutar de Anglet. Le lendemain soir, vers 17h30, ils repartent à vélo deux par deux. Après avoir traversé la Nive, ils sont arrêtés par deux gendarmes, mais leur guide les en débarrasse. Devant eux, l'autre groupe est arrêté par deux officiers allemands en voiture qui leur demandent le chemin. House ne comprend pas comment les Allemands n'étaient pas curieux de leurs groupes passant deux par deux devant eux. Ils poursuivent ensuite à pied après Ustaritz, le guide basque leur répétant qu'ils mangeraient dans 45 minutes. Le guide les pousse sans arrêt. Vers 02 heures et demi, ils passent près d'un poste allemand (Esteben borda, où loge un détachement de chasseurs alpins/Gebirgsjäger). Ils traversent un petit ru qui est la frontière. Ils dorment le restant de la nuit dans une ferme (Jauriko borda).

Selon le récit des aviateurs, le lendemain, ils attendent des guides et marchent en montagne une journée. Ils sont abandonnés dans un abri à chèvres. Ils sont ensuite conduits dans un autre abri et y restent deux nuits (probablement à Marteleneko borda). La veille de Noël, deux hommes viennent les chercher et les font descendre à une route. Ils perdent alors leurs guides. Ils reviennent à la dernière maison et expliquent qu'ils ont perdu leurs guides. Une heure et demi plus tard, les guides reviennent tranquillement et ils reprennent la route. En route, ils rencontrent un taxi. Un des guides donne à Whitlow un papier avec leurs noms, grades et matricules, renseignements qu'il a réunis dans la montagne. Puis, ils se retrouvent à San Sebastian pour la Noël. Aucun des aviateurs ne signale la présence d'Adrien Modéra avec eux, probablement suite à des consignes de NOTHOMB.
De son côté, Modéra rapporte que le fermier espagnol les accompagne pendant une heure et lui montre la route vers Elizondo, poursuivant avec les aviateurs. Il est arrêté dans ce village le 21 décembre, moins d'une semaine après son départ de Bruxelles. Après deux jours, il est transféré à Lecumberri pour une semaine et placé ensuite en résidence surveillée à San Sebastian, où Georges MARQUET arrange leur départ pour lui et un certain d'Otreppe, sans devoir passer par Miranda.

Le dossier militaire d'Adrien Modéra nous confirme qu'entre le 23 et le 31 décembre 1943, il est bien interné à Lecumberri (commune d'Elizondo) en Espagne.
Son dossier RVPS nous apprend qu'il s'appelle "Harry Vinck" durant sa traversée de l'Espagne. Il reçoit le passeport belge 12668 /L1/684 délivré à Madrid le 23 novembre 43. Il rentre au Portugal le 2 février 44 et en part le 21 février par avion depuis Lisbonne jusque Whitchurch (Bristol). Il a logé aux hôtels Sevilla et Alcazar à Lisbonne et Bragance, puis à la pension Tamar à Costa de Caparica.

Le dossier d'Adrien Modéra nous indique encore qu'il bénéficie le 05 janvier 44 de l'hébergement gratuit en Espagne jusqu'au 1er février 44, puis le 02 février d'un hébergement gratuit au Portugal, et ce jusqu'au 21 février. Il perçoit un rappel de traitement du 08 décembre 43 au 21 février 44. Son statut d'Evadé est bel et bien interrompu du 20 au 23 Décembre.
Le 22 février, Modéra est incorporé comme sous-lieutenant aux FBGB (pour 20 mois et 25 jours) sous le n° 4989, au Régiment d'Autos Blindées. Du 22 février au 06 octobre 44, il est officier de liaison avec des unités britanniques. Du 06 octobre au 23 décembre, il est à la 1e Brigade d'Infanterie belge (Brigade Piron), et du 23 décembre au 05 novembre 45 au Régiment d'Autos Blindées.
Le 31 août 45, il est nommé lieutenant de réserve et est placé en congé sans solde.
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