Informations complémentaires : | Le Missing Air Crew Report est le MACR 277, E&E 284 (partiel avec récit personnel) Les
membres d'équipage sont : pilote, Lt. Hargis, parachute non ouvert et
tué ; copilote, 2 Lt. Carl N. Smith ; bombardier, Lt. Ted Winslow
0-673492, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; navigateur, Carlyle H.
Darling (fiche C013) ; radio T/Sgt Victor Ciganek, blessé, arrêté immédiatement ; mécanicien S/Sgt. Jarvis Allen (fiche A187) ; mitrailleur ventral S/Sgt. Starr Tucker, parachute non ouvert et tué ; mitrailleur latéral S/Sgt Albert Diminno (fiche A170) ; mitrailleur latéral S/Sgt. Gerald Tucker, arrêté à Bruxelles le 13 novembre 43 ; mitrailleur arrière S/Sgt Leland Judy (fiche A169). Carl
Smith est recueilli à La Hamaide après son atterrissage, puis transféré
au hameau de la Belle Eau à Frasnes par Madame SWERTS chez Fernand
TITART, un brasseur de Frasnes-lez-Buissenal. Il est débarrassé de tous
ses effets militaires et soigné par les docteurs G. FIEVET et Adrien
MORELLE pour sa jambe fracturée. Mme SWERTS était la nièce de Anna
DELHAYE, qui avait séjourné aux USA en 14-18 près de chez les cousins
de Jack Hargis. Après onze semaines de réhabilitation chez les
TITARD, il est réceptionné à EVA le 29 novembre par Charles HOSTE chez
un DE SOMER-BUL au 126 Rue Royale Sainte-Marie à Schaerbeek. HOSTE le
met en pension chez l'instituteur Hector LEPLAT et Irma WECKSTEEN au 96
Rue Rubens à Schaerbeek. Smith dit que Alphonse ESCRINIER "Charles" (fiche B073) avait un appareil radio caché dans une caméra. Il est également logé quelques jours chez les PHARAZYN à St-Gilles. Smith fut remis par Gaston MATTHYS à Jules DRICOT "Deltour" le 03 décembre 1943, avec Mellor (fiche 229A), Justice (fiche 226A), et Spicer (fiche 227A). Ils passent chez Achille DUPONT et sa femme Germaine HENNEBERT au 173 Rue Trieux del Croix à Saumoy-lez-Sivry. Il est guidé à Paris avec Mellor par Amanda STASSART jusque chez sa mère, Louise BASTIN au 8bis Rue Margueritte dans le XVIIe. Il traversera les Pyrénées avec eux et avec un évadé belge, Georges Marchand (fiche B061). Le
13 décembre, "Mme JEROME" vient vers 16 heures et les conduit dans une
rue sombre, où ils rencontrent une toute petite femme avec une voix
enfantine. Elle a des cheveux foncés assez courts, devait avoir 30 ou
35 ans, ne présentait guère de mine mais d'une personnalité plaisante,
elle semblait gaie et avait de très bonnes manières. Elle portait trois
ou quatre vestes sur son tailleur noir et une épaisseur sans manches de
peau de mouton. Elle porte des bas noirs montant jusqu'aux genoux. Il
s'agit de Marcelle DOUARD. Ils prennent aussi un Belge (Marchand) dont
le guide demande de ne pas parler à l'ambassade à Madrid. Il mesure 1 m
80, des cheveux roux-bruns, un front haut et des cheveux assez fins,
pèse 75 kilos et porte des lunettes, apparemment comme déguisement. La
petite guide les emmène au restaurant, puis à la gare vers 20 heures et
demi. Quatre des évadés se partagent un compartiment jusque Bordeaux. Ils
y rencontrent un Belge qui a fait son service militaire. "Il a un tic
et donne l'impression qu'il veut être au centre du spectacle". Ils
prennent un train pour Dax et y reçoivent des vélos pour un voyage
vraiment dur. La jambe de Smith va vraiment mal. Il a l'impression de
rencontrer des millions d'Allemands. Ils atteignent l'auberge de Jeanne
Marthe VILLENAVE épouse MENDIARA à Sutar au Sud de Bayonne. Ils y
mangent au soir, dorment et repartent le lendemain à 17 heures, avec
les vélos. Ils traversent des bois et des champs, puis le long de la
Nive, sur le chemin de halage. Ils attendent le soir pour la traverser
sur un bac. C'est le 80e passage de Comète, par Larressore, avec les seuls guides de Pierre ETCHEGOYEN. Vers
22 heures et demi, ils reçoivent un morceau à manger et continuent à
travers des montées et descentes. Ils se mettent alors à marcher et sa
jambe lui cause des soucis. Smith ne peut suivre le rythme des autres.
Il doit même marcher sur les genoux et les mains une partie du trajet.
Les autres l'attendent et repartent dès qu'il les a rejoint. Il ne peut
ainsi jamais se reposer. Ce trajet est - de ses propres mots, la chose
la plus misérable qu'il ait jamais effectuée. Il se demande s'il serait
capable de revenir en France. Vers 10 heures et demi, ils atteignent
une hutte où sont déjà une bande d'Espagnols (les passeurs basques).
Les guides mangent alors que les évadés n'ont plus rien mangé depuis
midi. Ils leur demandent un peu de nourriture mais on leur répond
qu'ils mangeront au matin. Ils passent la nuit avec des poulets et des
vaches, mais il fait si froid qu'ils ne peuvent dormir. Le Belge dont
ils ne devaient pas parler leur dit qu'il parlera aux Français de ce
manque de nourriture, quand il retournera en France. Ils reçoivent un
verre de vin, une tortilla et 5 cm de saucisse pour déjeuner. Vers 10
heures, le Belge, Smith, Justice, Spicer et Mellor reprennent la
marche. Ils parviennent à une étable à chèvres vers 16 heures, où ils
attendent le prochain guide en mangeant un morceau de fromage et un
crouton de pain. Le Belge les quitte là. Ils vont dans une grange hors
du village et dorment un peu dans la paille, malgré le froid. Ils
reçoivent une bouteille de vin et un morceau de saucisse pour quatre.
Le matin suivant, ils reçoivent du pain et un gros bol de lait chaud. A
midi, ils peuvent manger des haricots à volonté, une autre bouteille de
vin et tout le pain qu'ils veulent. Ils commencent à se sentir mieux. A
17 heures, ils reçoivent encore des haricots et prennent la route à 18
heures, en contournant le village. Vers 22 heures, Smith
recommencent à souffrir de sa jambe fracturée. Vers 1 heure, ils
changent de guide. Ils contournent une ville et marchent sur une route.
Le guide leur répètent inlassablement "encore 10 Km", "encore 7 Km".
Ils continuent à marcher. Vers 4 heures, Smith se sent plus prêt à
étrangler le guide qu'à s'arrêter de marcher. A 7 heures, ils arrivent
à une maison et s'effondrent dans un lit, entourés de vaches et de
cochons. Mais il fait chaud et le lit est confortable. Au matin, ils
reçoivent un plat de haricots, du pain et du vin. Smith a du mal à
enfiler ses souliers tant ses pieds sont gonflés. Ils reprennent la
route. Cette fois, le guide leur dit "20 Km". Pour une raison qu'ils
ignorent, il les fait passer le long du plus haut pic de la région.
Smith déclare que des envies de meurtre commencent à le tarauder,
surtout quand le guide leur annonce "encore cinq minutes de plus". Vers
4 heures et demi, ils parviennent à un hôtel dans les montagnes. Smith
découvre qu'ils sont 32 Km au Sud de San Sebastian et doivent revenir
sur leurs pas en voiture. Heureusement, le guide a disparu. Ils ont
un bon repas à l'hôtel, dorment confortablement et reprennent goût à la
vie. La gérante de l'hôtel prend bien soin d'eux. Au soir, un homme
vient les prendre dans un Ford modèle B et les emmène à Tolosa, puis à
San Sebastian. Ils sont conduits dans un hôtel où ils ont un
merveilleux repas bien arrosé. Le chauffeur leur donne même des
cigarettes américaines. De cet hôtel, ils vont à Madrid et ensuite à Gibraltar. Là, il est interrogé par un capitaine nommé Zundel. Smith
est enterré au Fort Logan National Cemetery à Denver, Colorado. Il a
terminé sa carrière militaire comme lieutenant-colonel dans l'US Air
Force et a servi également en Corée et au Viet-Nam. Merci à Jacques Desmont pour ses informations sur Frasnes. |